« Là !
— Où ça ?
— Là, je te dis ! »
Les deux hommes se penchèrent sur l’écran. Il y avait bien une forme, perchée sur la branche. Une tache sombre dans l’air trouble de cette nuit pluvieuse. Ça aurait pu être ce qu’ils cherchaient, comme ça aurait pu être une illusion d’optique, des gouttes d’eau sur la minuscule caméra ou un problème de transmission. Ça s’était déjà vu. Le chef voulait cette chose, ce qui impliquait d’envoyer la cavalerie, mais avec les restrictions budgétaires…
Un éclair illumina la scène. Pendant une fraction de seconde, ils crurent que la forme était humaine, mais aussitôt, l’écran redevint noir. Le plus âgé des deux tapa sur l’écran de contrôle, comme si ça pouvait remettre l’image, mais elle restait immobile. Ils tressaillirent lorsqu’un grondement de tonnerre suivit l’éclair.
« Attends, fit l’autre, je vais brancher… voilà. »
Sur le deuxième écran, il lut les dernières secondes, revenant un peu en arrière, puis image par image. C’était flou, la faute à la pluie et à la mauvaise qualité de ces caméras moins chères (restrictions budgétaires, encore), mais c’était indéniablement une forme humaine. Une forme qui les regardait, tendait la main.
« Merde, grogna le second. Il nous a repérés. »
Comme pour leur donner raison, l’écran de contrôle se mit à bouger, délogé du creux de la branche où il avait été savamment dissimulé, avant de s’arrêter, fixé sur un tas de feuilles mortes. Un nouveau soubresaut, puis ce fut le noir complet, sans même le bruit de la pluie.
« Il nous a enterrés, je crois. On prévient le chef ?
— Il faudrait, même si ça ne servira à rien. Il est parti. »
A 68 kilomètres de là, la forme humaine était revenue sur la même branche et scrutait les ténèbres à la recherche des autres yeux qui la traquaient. C’était le début d’une longue fuite qui, elle le savait, ne pouvait que mal se finir.
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