Ecrire, ça demande du temps. Beaucoup de temps. Tous les matins, je suis une heure devant mon clavier, à un moment entre la douche et le « merde, je vais encore être en retard ! ». Tous les soirs, je m’y remets une heure. J’écris aussi parfois à la pause déjeuner. La journée, je travaille. Beaucoup et intensément. C’est d’ailleurs le constat que j’ai fait. Entre le travail et l’écriture, mes semaines oscillent entre 50 et 60 heures. Sans compter les trajets, les tâches ménagères, le temps que j’accorde à mes proches, la vie quotidienne… Je suis un peu fatiguée…
Et je ne touche pas un centime sur ce que j’écris. En réalité, je perds de l’argent. Ecrire demande un minimum de matériel, même si je suis convaincue que les gratuiciels (logiciels gratuits, libres ou non) sont souvent suffisants. J’ai aussi payé de ma poche l’abonnement pour avoir un « vrai site » sans le monétiser (je suis contre la pub). Je suis donc en train de chercher un modèle économique pour vivre de ma plume sans m’épuiser. Mon objectif est d’en vivre décemment, donc avec un salaire net (après impôts et charges sociales) à peu près égal à celui que j’ai actuellement (qui, sans être mirobolant, dépasse le smic, ce qui est un luxe de nos jours).
Pour autant, je suis convaincue que l’accès à la culture ne devrait pas être une question de moyens. Je suis pour une rémunération juste (et suffisante) des auteurs, mais également pour un égal accès à la culture. Vendre des livres, comme tous les autres, ça me permettrait de vivre, mais ce modèle économique exclut les lecteurs économiquement fragiles du système. Et ça, je m’y refuse. C’est parce que j’ai eu accès aux livres que je suis devenue celle que je suis aujourd’hui, et je ne veux pas que qui que ce soit en soit privé.
C’est toujours facile d’avoir des valeurs, mais agir en accord avec elles, c’est autre chose. Rassurez-vous, c’est entièrement égoïste de ma part. Agir en accord avec mes valeurs, c’est uniquement pour pouvoir me regarder dans le miroir chaque matin sans me demander : « mais qu’est-ce que tu es devenue ? où est passée ton humanité ? ».
Ce que je suis deviendrai ? Celle que je veux devenir, et personne d’autre.
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