Il n’y a aucune mission temporelle que je déteste plus que les missions d’escorte. La pire de toutes est la mission d’escorte d’historiens. En ce moment, j’en ai souvent. Je suis la seule à toujours tous les ramener en vie. Pour ça, j’ai un secret : je ne tiens jamais compte de leur avis. Jamais.
Je commence par leur faire réciter, un par un, le protocole. Je m’assure personnellement qu’ils ont fait tous les vaccins. Je les installe moi-même dans la pomme – c’est comme ça qu’on appelle la boule gravitationnelle, en hommage à Newton – en mettant toujours les plus chiants le plus loin du centre – là où ils seront le plus malades.
Une fois sur place, je m’arme et je leur rappelle encore une fois le protocole. Je ne leur cache pas le fond de ma pensée : « Je préférerais me battre à mains nues contre un tyrannosaure que d’être là, alors si un seul d’entre vous envisage de foutre le bordel dans le passé, je lui tirerai une balle dans la tête avant même qu’il ait eu le temps d’y penser. Est-ce que c’est clair ? »
En général, c’est à ce moment-là qu’ils se promettent de me signaler à ma hiérarchie pour mon manque de diplomatie.
Mais je suis Léa Le Roux, et c’est mon portrait qui est accroché dans les galeries d’explorateurs, à côté de Magellan, de Neil Amstrong et de Thomas Pesquet. Le fait que je sois amenée à escorter des universitaires binoclards aux quatre coins du temps n’empêche pas que je suis la seule à être revenue 117 fois au dernier décompte.
Ils reviennent, ils peuvent me signaler parce qu’ils sont revenus, mon portrait est toujours accroché et j’ajoute une page à mon journal de voyages.
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