Hortense Merisier

Blog d'écriture quotidienne

#129 Les héros et les méchants


En littérature, je n’aime pas quand les personnages sont des héros ou des méchants. C’est une simplification du monde et de la psychologie humaine qu’on ne trouve que dans la fiction. Dans ma vie, je n’ai jamais croisé ni héros ni méchant. J’ai croisé des gens plus ou moins empathiques, plus ou moins ouverts d’esprit, plus ou moins combatifs, plus ou moins respectueux, qui m’ont fait plus ou moins de mal.

Il existe des héros, et il existe des méchants, mais je pense que l’écrasante majorité des gens se situe dans une zone grise. Ils font des petites ou grandes incartades avec la morale commune1, tout en respectant les grandes lignes. Ils traversent l’existence sans se poser de question, suivant de plus ou moins près les règles établies par leur environnement et garantissant la survie.

Si Camille est devenue Mika, ce n’est pas parce qu’elle est mauvaise. Ce n’est pas non plus parce qu’elle a grandi avec un père violent, ou que sa première transgression lui a laissé un sentiment d’impunité et de toute-puissance. Ce n’est pas seulement parce que, suivant les lois du marché, elle a comblé un besoin, ou parce qu’elle en a les capacités. C’est un peu de tout ça et plus encore.

Camille n’aurait jamais pu devenir Mika sans ses clients et ne pourrait pas le rester sans eux. Pourtant, selon notre conception des héros et des méchants, c’est elle qui va supporter tout le poids de nos critiques, alors qu’il y a quelqu’un derrière qui a décidé que quelqu’un d’autre devait mourir. Quelqu’un, et quelqu’un, et quelqu’un, et quelqu’un…

Ethiquement, c’est une question fascinante2, dont Camille n’est qu’une incarnation. Incarnation qui pose d’autant plus de questions qu’à l’origine, elle a risqué sa propre vie pour sauver celle de sa mère3, et qu’elle ne prend aucun plaisir à tuer. La mort n’est pour elle qu’une possibilité, comme elle choisit les ingrédients d’une tisane. Elle nargue la police avec des plaisanteries puériles, mais sans les mettre en danger.

Continuellement, elle franchit la frontière de la moralité, et continuellement, elle interroge cette frontière. Comment peut-elle être à la fois une héroïne et une méchante, être ces deux aspects de sa personnalité, sans être écartelée ?


1 Cet article n’a ni pour sujet ni pour objet de juger la morale commune. Ce qui est éthique pour moi ne le sera pas nécessairement pour vous, ou l’inverse. Il n’est pas non plus question de valider les règles morales ou légales, mais d’en tenir compte comme d’une variable.

2 Tant que la question reste théorique, n’est-ce pas. Je n’approuve, ne tolère, ne légitime, ni ne justifie aucune forme de violence.

3 Les héros tuent les méchants pour protéger les autres, en risquant leur propre vie. Les exemples sont trop nombreux pour être cités.

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