Hortense Merisier

Blog d'écriture quotidienne

#175 Quand Ago est là…


Ago, c’est mon vieux pote l’agoraphobie. Ago, je le connais depuis bientôt 20 ans. Si je lui ai donné un petit nom, c’est pour le mettre en-dehors de moi, pour le distinguer de moi. Il n’y a pas Hortense-l’agoraphobe, il y a Hortense-la-pleine-de-vie et Ago-l’agoraphobie, deux entités distinctes.

Je le connais comme moi-même. Je le vois venir avec ses gros sabots. Je m’étonne même quand il ne se pointe pas alors qu’il devrait. C’est une teigne, une sangsue, une mycose, un vieux chewing-gum qui me colle aux basques. Longtemps, mon objectif a été de me débarrasser de lui, mais il est collant, je vous dis pas ! Il se faisait discret quelques semaines, quelques mois, parfois même quelques années, et il revenait, plus vaillant, plus angoissant, plus brutal que jamais.

Maintenant, j’ai un objectif plus raisonnable : qu’il m’empoisonne la vie le moins et le moins longtemps possible. Parce qu’Ago m’empoisonne la vie. C’est un fait. Me mettre à pleurer en regardant ma porte d’entrée, le matin en partant au travail. Hyperventiler dans la rue, avec des douleurs qui rappellent une crise cardiaque. Avoir des nausées le ventre vide ou plein, toute la journée. Etre fatiguée, être en hypervigilance, être aussi un peu déprimée à l’idée de traverser encore ça.

J’ai des règles de vie quand Ago est là, je m’expose le plus possible… eh bien, au monde hostile du dehors. Passer deux heures dehors tous les soirs après le travail, sortir au moins trois heures chaque jour les autres jours. Pas de télétravail, évidemment. Pas d’alcool, pour pouvoir me médicamenter sans danger si la crise devient trop violente – les mélanges ont des effets franchement bizarres, même à faibles doses. Ecrire beaucoup, aussi.

A la réflexion, j’en viendrais presque à penser que l’agoraphobie est bonne pour la santé : je ne marche jamais autant que lorsque je fais ces crises… je ne bois pas, je fais attention à ce que je mange, je dors et écris suffisamment…

J’en viendrais presque à penser que l’agoraphobie est bonne pour la santé. Presque. On n’est que lundi et je suis déjà vidée. Quatre jours que ça dure, et ces crises durent minimum deux semaines… des fois un mois ou deux. Trois, quatre, cinq semaines… Vingt ans, toute une vie.

Je déteste Ago.

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