Lorsque je passe derrière un bouquet d’arbre, je découvre deux silhouettes au bord de l’eau. L’une d’elle semble assise sous un saule pleureur, nue, l’autre est habillée d’une salopette blanche plastifiée, de celles qu’utilise la PTS… un crime ? Il tourne la tête vers moi. Son visage est masqué de bleu, également. Qu’est-ce qu’un type de la PTS fait là tout seul ?
Mes foulées ralentissent pendant que je me creuse la tête et que je reprends ma respiration. Je cours depuis 40 minutes, je commence à fatiguer. Et soudain, peut-être justement grâce à la fatigue, je vois mon environnement bucolique différemment.
Chemin isolé, tôt le matin, un homme assis sous un arbre, pas d’ADN. Mika.
« Arrête-toi ! », je hurle en courant à toute vitesse.
Ah. Il semble que j’ai un problème, un mec fait un footing… oh non, c’est la tenue de Damien. Quelle était la probabilité qu’il me tombe dessus par hasard ? Elevée, d’accord, c’est vrai qu’on est à moins de 5 kilomètres de la maison et c’est l’heure de son footing matinal. Mais putain, d’habitude il court dans le parc !
« Arrête-toi ! », hurle-t-il en piquant un sprint.
J’ai une fraction de seconde pour décider si je me casse, si je l’affronte, si je lui dis la vérité ou si je le tue. L’instinct prend le dessus. J’inspire profondément, balaie le sol du regard à la recherche d’éventuelles traces, monte dans la voiture et démarre.
« Arrête-toi ! », répète-t-il en courant, essoufflé, et en cherchant à sa ceinture un flingue qui est dans le coffre de l’entrée.
Mes doigts tremblent sur le volant pendant que j’enlève mon masque et baisse la capuche de ma combi. Damien me déteste. Damien déteste Mika. J’ai toujours pensé qu’un jour, je lui dirais la vérité, mais je me rends compte que ce n’est pas possible. Je finis par m’arrêter sur le bas-côté, des larmes inondant mes joues.
Damien me déteste, et moi je l’aime.
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