Il y a un truc que je fais, lorsque je commence à être un peu avancée dans un roman, mais pas encore assez pour pouvoir dire que j’ai bien avancé : je m’écris deux lettres. J’écris deux belles lettres à la plume, que je place dans deux enveloppes que je ne ferme pas, enveloppes que je range dans un coin de ma bibliothèque, coincées entre deux livres.

La première lettre est pour plus tard. Sur le devant de l’enveloppe, j’y ai écrit : « A lire quand tu auras fini ton roman ». Me connaissant et connaissant ma façon de me parler à moi-même, elle contient sans doute des félicitations. Qui seront justifiées, il faut le reconnaître. Ça fait deux ans et demi que je suis sur le même roman et que je patauge dans la choucroute.

La deuxième lettre est la plus importante. C’est celle « à lire si tu veux tout abandonner ». Je l’avais écrite le 18 août 2021 (oui, ça date) et je l’ai ouverte pour la première fois ce matin. Parce que j’ai envisagé de tout abandonner. Parce que je suis fatiguée et que je patauge dans la choucroute. Parce que ça me paraissait vain d’essayer et que j’ai pensé ne pas en être capable.

Alors j’ai ouvert l’enveloppe et lu la lettre.