Hortense ne parle pas beaucoup d’elle. Elle écrit beaucoup, mais ne vous dévoilera jamais que ce qu’elle veut bien vous dévoiler. Elle fait croire à son cercle proche qu’elle mène une vie austère mais paisible, rythmée par ses petites habitudes, mais sa méfiance à l’égard de ceux qui veulent rejoindre ce cercle est édifiant : Hortense a un paquet de cadavres dans son placard.
J’espère qu’un jour vous interrogerez les ex d’Hortense. Leur point de vue contredira tout ce que vous pensez savoir d’elle. Ils vous diront qu’Hortense est une femme cruelle, égoïste et manipulatrice. Ce sont des mots qui reviennent quasiment à chaque fois. Et pour cause : elle leur a fait du mal, gratuitement et volontairement, alors qu’ils se sont pliés en quatre pour elle ; elle n’a pensé qu’à sa petite personne, refusant de tenir compte de celui qui partageait sa vie ; et elle a extirpé tout ce qu’il avait à donner, avant de le jeter comme un mouchoir usagé.
Les ex ne manqueront pas de vous fournir des exemples, qui seraient bien trop longs à lister ici. Ils mettront en lumière l’obscurité qui était dans son cœur, qui y est toujours maintenant que vous savez : n’écrit-elle pas l’histoire d’une tueuse à gages ? de dystopies toutes plus glaçantes les unes que les autres ? ne fait-elle pas preuve d’un cynisme à l’épreuve des balles ? En somme, ne faut-il pas être complètement cinglé pour écrire des choses si sombres ?
Si, pris d’un doute légitime, vous posez la question à Hortense, elle se contentera de sourire et de demander des détails sur ce qui lui est reproché, avant de sourire encore plus largement, murée dans un silence coupable. Elle ne dira rien, mais son regard se voilera d’une ombre, piégé dans des souvenirs plus sombres que son âme.
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