• #21 Le mot au centre de ma vie

     
     
    mot
     
     
     

  • #20 Apollinaire

    Sous le pont de nos bras passe
    Un bateau-mouche et ses touristes qui jacassent

    Vienne le jour, sonne l’heure
    Les touristes changent, les cars demeurent

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  • #19 Mon top 5 des meilleurs livres de tous les temps

    Oui, rien que ça. J’ai un top 5 de livres tellement exceptionnels, tellement extraordinaires, tellement au-dessus de tout ce que j’ai pu lire, que je ne peux y penser sans avoir des papillons dans le ventre. Et là, on ne parle pas de livres que j’ai adorés, mais des 5 livres que je pourrais lire tous les jours sans jamais me lasser si j’étais sur une île déserte ou que je vivais dans un de ces adorables studios parisiens (ceux qui font moins que la surface légale de location et qui sont souvent insalubres).

    Bref, allons-y !

    Les liaisons dangereuses, de Pierre Choderlos de Laclos

    Pour se venger de Mme de Volanges, la marquise de Merteuil convainc son vieil ami, le vicomte de Valmont, de séduire (entendons : coucher avec) sa fille, Cécile. Comme la jeune fille est une proie un peu trop facile, le vicomte préfère la présidente de Tourvel. S’ensuivent des amours croisées : Cécile couche avec le vicomte pendant que la marquise couche avec le chevalier Danceny ; le vicomte devient l’ami du chevalier et la marquise la confidente de Cécile ; et bien entendu Cécile et Danceny tombent amoureux l’un de l’autre, le vicomte et la présidente aussi.

    J’ai ouïe dire que ce roman était hautement imbuvable pour beaucoup. C’est le style du XVIIIe siècle, beaucoup de circonvolutions et de détails, de phrases biscornues et de subjonctif passé. Bon. Il n’empêche que l’histoire est fondée sur l’ironie dramatique. Si on passe sur les coucheries (mais le veut-on vraiment ?), la merveille de ce roman est que tout au long de l’histoire, l’ironie dramatique est à son comble.

    Cécile aime Danceny mais ignore qu’il couche avec sa meilleure copine. Danceny aime Cécile mais ignore qu’elle couche avec son meilleur pote. Tourvel tombe amoureuse de Valmont, mais ignore qu’elle est l’enjeu d’un pari entre Merteuil et lui. Mme de Volanges salue l’amitié entre Cécile et Merteuil, sans se douter que Merteuil a programmé le libertinage de la jeune fille. Quant au lecteur, il sait ce que les personnages se disent, mais sait aussi que certains personnages (tous ?) sont de fieffés menteurs et qu’on ne peut décidément pas leur faire confiance.

    Bref, il vaut bien les meilleures séries Netflix.

    Harry Potter, l’heptalogie de J. K. Rowling

    Je ne vous ferai pas l’affront de détailler l’histoire, mais en quelques mots, pour ceux qui vivent dans une grotte équipée d’Internet, Harry Potter, se découvrant sorcier, intègre une école de magie où il vivra différentes aventures au cours des tomes, tout en se battant contre les Forces du Mal.

    Ces romans regorgent de clichés. Château hanté, licornes, lutte entre le Bien et le Mal, héros « élu » malgré lui, orphelin qui se trouve une famille dans ses amis… mais si ces romans font partie de mes préférés, c’est pour la richesse de son univers. Richesse qui ne transparaît pas du tout, ou très mal, dans les films.

    Un univers qui « casse » un peu la notion de gentils et de méchants, des méchants pouvant s’avérer, finalement, être des gentils Severus Rogue, Drago Malefoy), et des gentils devenant des méchants (Percy Weasley, Xenophilius Lovegood). Contrairement aux histoires classiques, comme les contes de fées, on ne naît pas d’un côté ou de l’autre, on y va à cause de nos choix, avec la valorisation du courage, de l’altruisme, et la dévalorisation de la lâcheté ou de l’appât du gain ou du pouvoir. Ca reste très classique.

    Les Misérables, de Victor Hugo

    Les Misérables, c’est l’histoire de Jean Valjean, ancien forçat devenu riche par son travail et bon grâce à la foi, qui sauve Cosette des méchants Thénardier. C’est l’histoire de Fantine, la mère de Cosette, qui doit la leur confier et meurt après une longue déchéance. C’est l’histoire de Cosette, enfant tombée en esclavage sauvée par Jean Valjean et qui, devenue une jeune fille, s’éprend de Marius. C’est l’histoire de Marius, bonapartiste en mémoire de son père. C’est l’histoire de Gavroche, un des enfants des Thénardier, devenu enfant des rues, qui meurt dans sa célèbre chanson.

    J’avoue que les environ 2000 pages de ce roman sont décourageantes. Beaucoup se contenteront une version abrégée, ou sauteront les parties où il ne se passe rien et où Hugo digresse sur, au hasard, les égouts de Paris, la bataille de Waterloo ou la description détaillée du quartier du Petit-Picpus. Au début, j’étais exaspérée par ces passages, qui ne se comptent pas en deux ou trois paragraphes, mais plutôt deux ou trois dizaines de pages.

    Mais au fur et à mesure, j’ai compris que ces digressions n’en sont pas vraiment : Hugo éclaire seulement des aspects du livre. S’il décrit les égouts de Paris, c’est parce que Jean Valjean sauvera Marius en passant par les égouts. S’il parle de la bataille de Waterloo, c’est parce que le père de Marius, bonapartiste, y a été sauvé par Thénardier (qui s’était improvisé dépouilleur de cadavres). Quant à la description détaillée de Petit-Picpus, elle a tout son sens quand on suit aussitôt après la course-poursuite de Cosette et Jean Valjean par l’infâme (et très honnête) Javert.

    La Maison des Feuilles, de Mark Z. Danielewski

    J’ai déjà longuement parlé de La Maison des Feuilles, qui parle d’un documentaire sur l’exploration d’une maison qui contient une espèce de labyrinthe et celle d’un jeune homme qui annote un essai sur ce documentaire. Si je devais le classer quelque part, je le mettrais dans le rayon des romans fantastiques.

    Cela dit, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un roman destiné à faire peur, mais plutôt à nous interroger sur notre vision de la réalité (et de la fiction). Si ce roman est extraordinaire, c’est aussi parce qu’il est lui-même un labyrinthe organisé.

    Je ne saurais d’ailleurs le décrire : j’ai essayé et je n’arrive toujours pas à expliquer ce qui me fascine dans ce roman. Car il me fascine. Peut-être l’expérience de lecture, peut-être la folie de ses personnages, peut-être sa façon de réduire en miettes les codes de la littérature.

    Ce n’est pas un roman qui se lit, ni même un roman qui se laisse lire. C’est un roman qui, après avoir tenté de vous expulser de ses pages, vous y enferme, vous fait vivre quelque chose de tellement dément qu’il n’existe pas de mots pour l’exprimer.

    Et le cinquième ?

    Je l’attends toujours. J’ai aimé beaucoup de romans, et certains m’ont énormément touchée, interrogée, fascinée… mais pas au niveau des 4 là-haut.

  • #18 Rêve

    Perdu : imagination.
    Appeler le 06-xx-xx-xx-xx

    Echange rêves de gloire,
    contre rêve de bonheur

  • #17 Morning routine

    Une douche. Un demi-litre de thé vert. Un article.

    Qui est le blaireau qui a inventé les matins ?

  • #16 La forme

    « Là !

    — Où ça ?

    — Là, je te dis ! »

    Les deux hommes se penchèrent sur l’écran. Il y avait bien une forme, perchée sur la branche. Une tache sombre dans l’air trouble de cette nuit pluvieuse. Ça aurait pu être ce qu’ils cherchaient, comme ça aurait pu être une illusion d’optique, des gouttes d’eau sur la minuscule caméra ou un problème de transmission. Ça s’était déjà vu. Le chef voulait cette chose, ce qui impliquait d’envoyer la cavalerie, mais avec les restrictions budgétaires…

    Un éclair illumina la scène. Pendant une fraction de seconde, ils crurent que la forme était humaine, mais aussitôt, l’écran redevint noir. Le plus âgé des deux tapa sur l’écran de contrôle, comme si ça pouvait remettre l’image, mais elle restait immobile. Ils tressaillirent lorsqu’un grondement de tonnerre suivit l’éclair.

    « Attends, fit l’autre, je vais brancher… voilà. »

    Sur le deuxième écran, il lut les dernières secondes, revenant un peu en arrière, puis image par image. C’était flou, la faute à la pluie et à la mauvaise qualité de ces caméras moins chères (restrictions budgétaires, encore), mais c’était indéniablement une forme humaine. Une forme qui les regardait, tendait la main.

    « Merde, grogna le second. Il nous a repérés. »

    Comme pour leur donner raison, l’écran de contrôle se mit à bouger, délogé du creux de la branche où il avait été savamment dissimulé, avant de s’arrêter, fixé sur un tas de feuilles mortes. Un nouveau soubresaut, puis ce fut le noir complet, sans même le bruit de la pluie.

    « Il nous a enterrés, je crois. On prévient le chef ?

    — Il faudrait, même si ça ne servira à rien. Il est parti. »

    A 68 kilomètres de là, la forme humaine était revenue sur la même branche et scrutait les ténèbres à la recherche des autres yeux qui la traquaient. C’était le début d’une longue fuite qui, elle le savait, ne pouvait que mal se finir.

  • #15 La mystérieuse pantoufle de vair

    Un des débats les plus fournis de l’histoire des contes de fées, est la question de la pantoufle. Cendrillon avait-elle une pantoufle de verre (autrement dit, cette matière solide et transparente) ou de vair (fourrure argentée d’un écureuil) ? Et la réponse est… (roulement de tambours)

    … de verre !

    C’est d’ailleurs son titre : Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre. On fait difficilement plus limpide, sans mauvais jeu de mots, pour trancher le débat. Alors certes, on me répondra que c’est plus vraisemblable que ce soit du vair, parce que des chaussures en verre, ça doit être moyennement confortable quand il s’agit de danser toute la nuit.

    Mais dans la version de Charles Perrault, les pantoufles sont en verre. Que ce soit confortable et vraisemblable ou pas, on parle quand même de Perrault, un homme de lettres du XVIIe siècle, qui savait sans doute lire et écrire le latin et le grec (entre autres) et ne ferait sûrement pas ce genre de faute. Si moi, simple écrivaillonne restée imperméable à 4 ans de latin, je connais la différence entre un vers, un ver, du vair et du verre, il est certain que lui aussi.

    Restent les questions du confort et de la vraisemblance. Pour le confort, je vous conseille d’essayer de porter une de ces robes bouffantes avec une armature en os de baleine, sans parler du corset. Vous verrez qu’il y a pire que d’avoir des ampoules aux pieds à cause de chaussures un peu trop rigides. Quant à la vraisemblance, on parle quand même d’une histoire où une fée transforme une citrouille en carrosse. C’est tout ce que j’ai à dire.

    Mais ce que ce débat vieux de bientôt deux siècles démontre, c’est que même dans un univers où les fées transforment des citrouilles en carrosse, on préférera estimer qu’un homme lettré a fait une faute d’orthographe, plutôt que d’admettre que la littérature a ses raisons que la raison ignore.

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