• #147 Maybe, maybe not

    J’écris de la littérature de merde, majoritairement. Je l’assume, plus ou moins. Je le revendique, pas encore. On parle des genres et des thèmes abordés, pas de la manière de le faire ou du style. Sans me vanter, j’écris plutôt bien. Je crois. En tout cas, c’est ce qu’on me dit souvent. Bref, la littérature de merde et moi, c’est une histoire douce-amère, une histoire interminable.

    La question que je me pose, et que je lance dans le vide immense, c’est de savoir si je devrais partager mes écrits sur une des multiples plateformes d’écriture existantes. Pour ma littérature de merde, j’entends. Pour mon roman toujours sur le feu qui n’avance toujours pas bien vite (et pour cause : ça fait au moins 6 mois que je n’ai pas écris une ligne), il n’en est pas question.

    Je ne sais pas. Maybe, maybe not.

  • #146 Cinquante nuances de rouge

    Sang de mon sang ; merise sur le gâteau ; voir ~, carton ~, feu ~, peau ~, ~ à lèvres, red flag ; coucher de soleil ; une étude en ~, le ~ et le noir, le petit chaperon ~ ; écarlate, carmin, pourpre, rubis, vermillon, amarante, rouille, vermeil, cramoisi, garance ; feu, énergie, guerre, communisme ; coquelicot, tulipe, rose, fraise, pomme, groseille, tomate, grenade, poivron ; brique, tuile, camion de pompiers ; ~ gorge, crabe, salamandre, poisson ~, écureuil ; I ~ ; rauður, red, coch, rot, rubrum, vermell.

  • #145 Ce qui te fait peur

    Ce qui te fait peur, au fond, c’est que tes propos, destinés à me blesser, ne me touchent pas ; que mon silence réponde à ton insistance.

    Je ne suis pas responsable de ce que tu dis, mais je peux choisir comment j’y réponds. Et après beaucoup de tâtonnements, il m’est apparu qu’il existe deux genres de personnalités : ceux qui peuvent accepter que je pense autrement, que mes valeurs, mes croyances, mes préjugés et mes choix diffèrent des leurs, et qui peuvent me respecter malgré nos différends ; et ceux pour qui l’un de nous a raison et l’autre a tort, et qui me harcèleront jusqu’à m’écraser, m’anéantir et me détruire dans mon individualité.

    S’il est possible et même agréable d’échanger avec les premiers, la discussion ouvrant souvent des perspectives nouvelles, c’est vain avec les seconds. Je choisis donc de ne pas répondre, et savoure ma position de force dans cet échange où aucun de nous ne sortira gagnant.

  • #144 Esthétisme épuré

    Toi qui viens ici, en cet endroit étrange où se mélangent textes et genres, tu as sans doute remarqué que ce blog ne ressemble à aucun de ceux que tu as croisés. Ici, il n’y a que du texte en noir et blanc. C’est propre et épuré. Pas de pub, pas de couleur, pas d’image ou de vidéo.

    Il y a une raison à tout ça.

    Je voulais placer le texte au centre, et permettre aux lecteurs de se concentrer dessus. Je ne gagne rien à ne pas monétiser mon travail, à ne pas insérer, ici et là, une petite publicité, à ne pas faire du démarchage outrancier (ouch, trop de négations). C’est un pari risqué de mettre en avant, au premier rang et en pleine lumière ce qui compte vraiment : ce que j’écris. C’est un pari risqué, disais-je, le risque étant que tu n’aimes pas.

    Il m’arrive, en dépit de ma persévérance frôlant l’obsession, d’écrire des trucs vraiment merdiques, qui seront seulement linguistiquement justes, à défaut d’être littérairement bons. Ces jours-là, j’en ai des sueurs froides, et souvent je réécris tout au cours de la nuit. Heureusement, il m’arrive aussi, grâce à des corrections répétées, d’écrire des trucs potables, voire agréables, et même de temps en temps vraiment bons.

    Dans toutes ces situations : pas de filtre. Je fais le pari que toi, lecteur ou lectrice, tu reviennes quotidiennement me lire, que tu parles de moi à tes amis, simplement parce que tu aimeras ce que j’écris, parce que ça te parlera ou que ça sera ton instant de plaisir de la journée. Je fais le pari de ne miser que sur la qualité.

    L’esthétisme en découle. Lorsqu’on veut, plus que tout, placer le texte au centre, le mettre en avant, il y a sans doute beaucoup de possibilités, mais j’ai choisi la plus simple. J’ai essayé de me rapprocher de l’esthétisme d’un livre, et de t’apporter un confort de lecture optimal, à défaut d’être parfait.

    Au niveau des couleurs, rien n’est plus naturel pour un lecteur que du noir sur blanc. Au niveau de la police, restons sobres et optons pour une police proche du Times, en plus douce. Evidemment, gardons une police serif (celle avec les petites barres), créée précisément parce qu’elle facilite la lecture. Trouvons une largeur de texte qui n’envahisse pas tout ton écran d’ordinateur, sans quoi tu n’arriveras jamais au bout de la ligne.

    Et ensuite, au quotidien, je veille à faire des paragraphes qui ne ressembleront pas à des pavés imbuvables. Je corrige l’orthographe, je vérifie la grammaire. Je paramètre le texte pour qu’il soit justifié. J’insère les espaces insécables (ceux qui empêchent les deux-points de se retrouver tous seuls à la ligne suivante) et les largeurs fixes après les tirets de dialogues (pour que le dialogue soit bien aligné).

    Bref, à tout moment, je veille à ce que toi, lecteur ou lectrice, tu te sentes bien en me lisant. Que tu ne te sentes pas agressé⋅e par un accord oublié, par une mise en page trop différente du roman auquel tu t’es habitué⋅e. Parce que, si à un moment tu es distrait⋅e de ta lecture par ces détails (insignifiants peut-être, mais distrayants tout de même), tu risques de perdre de vue l’essentiel : ce qui est écrit, ce que j’écris.

    Alors à tout moment, je soigne mes textes, je soigne leur présentation, je soigne la mise en page, je soigne tous ces petits détails pour mettre en avant… eh bien, ma littérature de merde, évidemment.

  • #143 Deux nouvelles vies

    Depuis que nous sommes rentrés dans ce monde merdique, Félix pleure tous les soirs. Je l’entends dans notre petit appartement. C’est temporaire, le temps que je nous fabrique de fausses identités crédibles. Heureusement, ma tablette est compatible avec leur Internet antique. J’ai été bien inspirée le jour où j’ai demandé à Lio de me développer une IA de traduction, IO. Mon côté prévoyant, mon expérience des imprévus du voyage dans le temps. Lio est le meilleur pour ça. Il faudra que je le remercie quand…

    … ouais, moi aussi j’ai le mal du pays. Ici, c’est le XVIIIe siècle. Ils n’ont pas d’ordinateur digne de ce nom, leurs trucs fonctionnent encore aux cartes métalliques. Ils n’ont pas la fusion nucléaire, non plus. Ils parlent de réchauffement climatique, et en même temps ils donnent de l’argent aux gens pour utiliser leurs automobiles de transport, qui fonctionnent, je vous le donne en mille : au pétrole ! Et je ne parle même pas de tous ceux qui prônent la haine de l’Autre, la destruction, la violence. Depuis quand s’entre-tuer fait progresser la science et le bonheur, hein ?

    Pas étonnant qu’ils soient aussi en retard dans les technologies et qu’ils consomment autant de médicaments pour améliorer leur bien-être. Je ne sais pas qui Félix a buté dans le passé, mais ce mec-là ou un de ses descendants devaient avoir un rôle dans la propagation des sciences de la coopération. Encore un truc qu’ils ne connaissent pas, ici. Chacun pour sa gueule et tout le monde dans le mur.

    Pour Félix, je le tiens occupé. Du haut de ses maintenant 22 ans, il n’a pas encore la capacité d’absorber un tel changement, une telle rupture dans ses projets d’avenir. Penser lui est néfaste et met notre équipe en danger, sans même parler de ce que ferait cette société de notre technologie, s’ils tombaient dessus. Des armes, sans doute, ou encore plus de fric, de pollution, de destruction des éco-systèmes. Ils ont réussi à faire disparaître le dodo, la mascotte de l’Ile Maurice ! J’en avais mal au cœur pour cet inoffensif pigeon.

    Bref, encore quelques semaines et nos identités seront prêtes. Il fallait étudier leurs modes de vie et nous créer des histoires crédibles et vérifiables. De la naissance à aujourd’hui, avec tous les documents administratifs, les comptes sur Internet, l’histoire personnelle, les diplômes, les emplois, les petites et grandes maladies. Ce sont des obsédés de l’archivage, ici. Ils gardent tout, alors ça a pris plus de temps que ce que je pensais au début.

    J’ai décidé que, dans ce monde, Félix serait mon fils. Après tout, je me comporte déjà comme sa mère, et il n’a plus de parents. Il a vérifié, ni eux ni ses grands-parents ne sont jamais nés. Ma famille aussi a disparu, mais dans l’autre monde, mes vrais parents ont Philippe, mon frère alternatif. Ils ne seront pas seuls, et pour ce que j’en sais, ça ne sert à rien de pleurer, ça ne changera rien à notre situation.

    J’ai aussi décidé de faire un grand ménage dans cette société, histoire de sauver ce qui sera désormais notre planète, à Félix et moi. Ici, l’argent achète tout. Alors je vais faire de l’argent et acheter une planète propre. Rien de plus simple, j’ai IO.

  • #142 Ce sont les gens ordinaires qui commettent le plus de crimes

    Je sais ce que vous pensez. Vous pensez que, parce que j’ai fait suivre Camille, je suis un sale type. Vous pensez que je me comporte comme son père violent, que je suis jaloux, possessif, que je l’étouffe avec mon amour, qu’elle va me quitter et que je l’aurai bien mérité. Vous pensez qu’elle finira par découvrir que je suis ce gros con et que ce jour-là, adieu veau, vache, cochon, couvée, je retournerai dans mon taudis de 18 m².

    Et c’est vrai que lorsque je me lève et qu’elle dort paisiblement à côté de moi, je me dis que je ne devrais pas être là. Je suis vraiment un putain de gros connard qui ne lui fais pas confiance, qui ne la crois pas capable de se débrouiller seule alors que, comme elle le dit souvent : « Tu crois que je faisais comment avant de te connaître ? ». A ce moment-là, je me dis que je suis vraiment ce putain de gros connard inutile, et qu’elle serait bien mieux sans moi.

    Quand je vois ses cils délicats posés comme des papillons sur ses paupières, je me dis qu’un gros con comme moi, ça ne devrait pas être avec une femme aussi forte, brillante et douce qu’elle. Je me dis que le jour où elle découvrira que je ne suis pas celui qu’elle croit, elle me quittera, parce qu’elle n’est pas du genre à accepter la vie merdique que j’ai à lui offrir.

    Tout ce dont je rêve, c’est d’une vie tranquille avec elle, d’un cocon familial où la protéger et où protéger nos enfants, vieillir avec elle, des vacances à la montagne ou à la mer, un resto en amoureux à l’occasion, des promenades dans les parcs environnants, continuer à traquer les méchants ou me trouver un petit poste peinard où le drame de l’année sera un accident de voiture sous l’emprise du cannabis.

    Mais que se passe-t-il quand on gratte le vernis de cette vie parfaite ? On trouve des cadavres. Des liaisons avec la voisine ou le prof de yoga, des jeux d’argent, un compte en banque caché, une érection devant les statues grecques, des films porno, et à la fin un père qui empoisonne le chat des voisins parce qu’il pisse dans leur parterre de jonquilles, des tisanes à l’eau de Javel, 150 coups de couteau et une vieille qui pousse son vieux dans les escaliers de la cave.

    Ce qu’il y a de terrible dans mon travail, c’est qu’au début, on pense qu’on aura affaire à des vrais méchants, et c’est vrai qu’il y a tous les trafics qui tournent mal, mais la plupart du temps, le coupable est juste un type ordinaire. Quand j’imagine Mika, je vois ce genre de gars. Le genre que je croise dans le métro, à qui Camille dit bonjour à la bibliothèque, celui qui a un travail, qui paie son loyer et ses impôts. Le genre de mec à qui on donne le bon dieu sans confession.

    Ce sont les gens ordinaires qui commettent le plus de crimes. Des gens comme vous et moi.

  • #141 La littérature de merde & moi

    Soyons sérieux, hein, siouplé. Moi, je suis quelqu’un de sérieux et je lis des livres sérieux. Les misérables, La Maison des Feuilles, Harry Potter… La littérature de merde, celle qui est en-dessous de la romance et de la fantasy, non mais vous me prenez pour qui ?

    Il y aura sûrement des mauvaises langues pour prétendre que j’en lis. Ce qui est totalement faux. Je n’utilise pas les applications de webtoons que j’ai installées. D’ailleurs, puisque vous en parlez, j’ai adoré LUFF et Foutue romance, et je redoute la fin de True beauty. Quant à Wattpad, désolée mais quand je suis en pleine crise d’insomnie, ça me fait le même effet que l’annuaire. Qu’est-ce que j’y peux si mes insomnies durent 6 heures et ne cessent qu’à la fin de l’histoire ?

    Je te vois, toi, qui te demande si j’en écris. Cent quarante-et-une fois non. J’écris des choses sérieuses, moi, je te balance pas mes conneries à tout bout de champ. Non mais vraiment, vous me voyez, vous, tenir un blog, écrire une romance bien cliché entre un policier et une tueuse à gages ? Piquer des trips dignes d’un abus de LSD sur des licornes ? Évidemment que non. Je me prends au sérieux, moi, j’ai des melons au niveau des chevilles, même. J’écris des trucs bien chiants sur la Seconde guerre mondiale, parce que c’était tellement le bon temps, la gestapo, les rafles d’enfants et les chambres à gaz… J’écris des trucs bien soporifiques sur de la philosophie de bas étage qui servent de cale-meubles, mais qui m’ouvriront les portes des tables rondes culs-serrés de la télé.

    Ouais, voilà. C’est le genre d’écrivain que je suis. Sérieuse et qui se prend au sérieux. Et si vous pensez que j’en fais trop, ben non, c’est pas possible, on n’est jamais assez sérieux, on n’écrit jamais des choses assez chiantes ou assez soporifiques. D’abord.

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