Hortense Merisier

Blog d'écriture quotidienne

Étiquette : mois de l'écriture

  • #48 Eperdu

    Je me souviens, son petit corps frêle, sa robe à fleurs gonflée d’eau claire. Je me souviens, mes pieds qui trébuchaient sur les dalles beiges alors que je courais vers elle. Je me souviens, mes prières vaines et les mots saccadés du facteur dans son téléphone – venez vite. Je me souviens, ce hurlement silencieux,…

  • #47 Banquise

    Rose porte sa petite robe à fleurs. Elle joue sur la glace, racontant des histoires à sa poupée. Je lui fais signe de ne pas s’éloigner, le temps de discuter avec le chef de l’expédition. Cela n’a duré que deux ou trois minutes, mais quand je me retourne, elle a disparu sous la banquise. Je…

  • #46 Citrouille

    Les arbres sont presque nus. La dernière fois que j’ai regardé, ils étaient verts et flamboyants. Pendant que j’étais enfermée dans mon désespoir, le temps a poursuivi sa course, m’oubliant sur le bord de la route. L’été est mort, talonné par l’hiver, et sur les marchés, les pêches sont devenues des pommes et les melons,…

  • #45 Soupirer

    Aujourd’hui, pour la première fois depuis deux mois, je sors de l’hôpital. Une journée pour commencer, une simple journée. Si tout se passe bien, samedi prochain je rentre à la maison. La maison, là où il y a la piscine sanglante de mes cauchemars et la chambre silencieuse de ma fille. Une maison vide, sans…

  • #44 Subrepticement

    Je finirai par sortir de l’hôpital psychiatrique. Je finirai par reprendre le travail. Je finirai par arrêter les médicaments. Je finirai par entrer dans la chambre de Rose pour faire la poussière. Je finirai par grimacer un sourire spontané, authentique, sincère. Subrepticement, je ferai mon deuil. Si je le répète assez souvent, ça deviendra vrai.

  • #43 Pourpre

    C’était un mercredi, le 14 septembre exactement. Il faisait encore chaud, Rose barbotait sur le bord de la piscine, là où elle avait pied. Elle avait cette petite robe que ma mère lui avait cousue, avec des fleurs pourpres, des coquelicots. Le facteur a sonné, un recommandé à signer. Ça n’a pas été long, deux…

  • #42 Talisman

    L’extérieur, ça me fait peur. J’ai peur de devoir passer, chaque jour, devant la chambre vide de Rose, devant l’école de Rose, devant la boulangerie où j’achetais un croissant pour le goûter de Rose. J’ai peur de ne pas y arriver. J’ai peur de retourner au travail, j’ai peur qu’on me pose des questions, j’ai…