Hortense Merisier

Ecriture quotidienne, textes et courtes nouvelles

#394 Les montagnes


Huit tableaux alignés

La première fois que je suis entré chez la très solitaire Annabelle, j’ai trouvé son monde très triste. Entrer chez quelqu’un, c’est visiter son âme, et chez Annabelle, tout était blanc, aseptisé, loin de la vie telle que je le concevais. Mon propre appartement ressemblait à un dépotoir, surtout comparé au sien, si minimaliste.

Il n’y avait pas de coussins, de rideaux, de photos de famille, et même la bibliothèque était masquée dans une armoire Ikea anonyme. La seule décoration était une série de cadres avec des photos en noir et blanc. Des montagnes. Rien de plus banal et impersonnel, ai-je alors songé en m’attardant quelques instants sur ces photos d’une tristesse infinie mais encadrées et alignées avec soin.

Comment aurais-je pu deviner que ces photos, en cours de développement au moment de l’incendie, étaient tout ce qui lui restait de son mari et de sa fille ?

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