« Moi, je sais ce qu’elle ouvre. »

La voix était grave et affirmée. Je me retournai, faisant face à un bel homme d’environ mon âge, aux yeux d’un bleu profond et au sourire charmeur. Il était vêtu avec une élégance rare et ôta son chapeau avant de s’incliner devant moi.

« Marcus Miergues, à votre service, Mademoiselle. Je suis arrivé hier, avant cette foule de… dégénérés. Quant à cette clé… »

J’allais le reprendre sur les « dégénérés » mais il ne m’en laissa pas le temps. Il s’approcha si près que je sentais son parfum et, au lieu de prendre la clé, me prit les deux mains. Je me sentis instantanément devenir pivoine. Il était de plus en plus rare, de nos jours, que des hommes se comportent avec une telle familiarité lorsqu’ils cherchaient à séduire une femme.

« … c’est la clé de mon cœur. »

Incroyablement cliché. Je pouffai et retirai mes mains. Après tout, peut-être qu’il savait des choses sur Pamela Rose, lui.

« Monsieur Miergues…

— Marcus.

— Marcus. Est-ce que vous savez quelque chose sur le meurtre de ce matin ? ou sur cette clé ? ou est-ce que vous me faites juste perdre mon temps pour le seul plaisir de me mettre mal à l’aise ?

— Toutes mes excuses si je vous ai gênée, mais pour être tout à fait honnête, en vous voyant, j’ai été si ébloui que j’en ai perdu tout sens de la bienséance. Pour me faire pardonner, j’aimerais vous inviter à dîner.

— Non.

— Non ?

— Eh bien, oui, enfin non. »

Je racontais n’importe quoi. Il avait un regard vraiment électrique et ne me quittait pas des yeux. Pour la première fois depuis des mois, des années peut-être, j’avais l’impression de plaire vraiment à quelqu’un, même si le quelqu’un en question était grossier. Il me sourit et accepta sa défaite d’un signe de tête.

« Dites-moi au moins comment vous vous appelez.

— Emma Stone.

— J’espère vous revoir bientôt, Emma. Mon invitation reste valable, si vous changez d’avis. N’oubliez pas, vous avez la clé de mon cœur. »