Hortense Merisier

Ecriture quotidienne, textes et courtes nouvelles

#597 Emma a disparu


Homme les mains jointes sur le visage

C’est le soleil qui, picotant mon visage, me réveilla. Je consultai mon téléphone : aucune nouvelle d’Emma. Depuis combien de temps commençais-je ma journée en pensant à elle ? Ça me semblait être une éternité. Je la cherchais à côté de moi quand nous ne dormions pas ensemble, je m’enfonçais dans son regard quand je m’éveillais à côté d’elle, j’espérais un mot, une remarque, même sa colère me semblait préférable à ce silence.

Après m’être préparé, j’allai frapper à sa porte pour le petit déjeuner ; personne ne répondit. Je descendis à la salle à manger, m’attendant à l’y trouver ; personne ne l’avait vue. Je l’appelais, elle ne décrocha pas. Qu’avait-il bien pu se passer ? J’interrogeai Mariama et Killian, qui me cherchèrent à me rassurer. J’exigeai d’une employée de l’hôtel qu’il ouvre la porte d’Emma : la chambre était vide.

Mariama et Killian échangèrent un regard. Fou de rage et d’inquiétude qu’Emma ait disparu, j’explosai :

« Eh bien, quoi ?

— On va vous aider à la chercher, répondit Killian pour me rassurer. Je m’occupe des jardins ; Mariama, tu fais le rez-de-chaussée puis le secteur des employés. Vous deux, conclut-il en regardant l’employée de l’hôtel et moi, vous ouvrez toutes les chambres. Je suis sûr qu’elle n’est pas loin. »

Les unes après les autres, les portes s’ouvrirent. Certaines étaient fermées de l’intérieur par des employés désireux de dormir un peu plus longtemps ou de passer du temps à deux. On frappa, ils ouvrirent. J’insistais pour regarder dans tous les placards et sous tous les lits. Enfin, une porte résista. L’employée consulta sa tablette :

« Oh, c’est la chambre d’un de nos clients. M. Miergues ?

— Laissez-moi tranquille. »

On entendit du bruit et des jurons à travers la porte.

« Ouvrez, fis-je. Ouvrez, ou je défonce la porte.

— M. Dishwokee, voyons, il s’agit d’un client sérieux, et si Mme Stone était ici, je suppose qu’elle voudrait de l’intimité. »

Il ne m’en fallut pas plus pour reculer dans le couloir. J’enfonçai la porte de l’épaule sous les protestations de l’employée. Une fois, la douleur fut insoutenable. Deux fois, je ne sentis presque plus rien. Trois fois, elle céda enfin.

La scène qui se déroulait sous mes yeux me laissa perplexe. Emma était assise en tailleur sur le lit devant un plateau de petit déjeuner. Elle portait ses vêtements de la veille. Marcus était enveloppé dans un peignoir, les cheveux encore mouillés. Les cheveux encore mouillés ! Est-ce qu’ils avaient… ?

« Théo, te voilà enfin ! Marcus, est-ce que maintenant, je peux… »

Il lui fit un sourire et hocha la tête. Emma s’élança dans mes bras. Je ne comprenais plus rien, mais j’étais soulagé. Je pris son visage dans les mains et l’examinai : elle semblait avoir bien dormi, pas pleuré, et son regard… Elle avait son regard qui me donnait chaud dans tout le corps.

« Qu’est-ce que vous lui avez fait ?

— Rien du tout ! Mme Stone ? vous voulez bien lui expliquer ? »

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