Hortense Merisier

Ecriture quotidienne, textes et courtes nouvelles

#540 Sois prêt⋅e à te révéler à toi-même


Coffre contenant une plume, quelques feuilles manuscrites et une bourse remplie de pièces

J’ai toujours écrit. Plus ou moins régulièrement, plus ou moins assidûment, mais j’ai toujours écrit. L’écriture est à mes yeux un souffle, une énergie, ce qui me porte en avant et me permet de dépressuriser la réalité. Mais il y a une chose à laquelle je ne m’attendais pas lorsque j’ai commencé à écrire quotidiennement, avec sérieux et implication : me révéler à moi-même.

Lorsqu’on écrit, on met une part de soi dans nos textes, on y révèle nos peurs les plus profondes, nos espoirs les plus secrets, et surtout ces espaces si profonds et secrets que même nous, nous n’y avons jamais eu accès. On puise au plus profond de soi et, à force de remuer la fange, on finit par en ressortir quelque chose.

Ce qui en est ressorti n’est ni bon ni mauvais : c’est seulement moi.

Si tu décides d’écrire, si tu décides d’aller puiser au cœur de ton âme pour en sortir les émotions les plus justes, les plus pures, les plus belles mais aussi les plus noires, sache que tu n’en sortiras pas indemne. Ces parts de toi ont toujours été là, mais elles étaient ensevelies sous des montagnes de convenances et les pires mensonges : ceux qu’on se raconte à soi-même.

Lorsque tu creuseras, toujours plus profondément, tu ne sauras pas quel trésor est enfoui là-dessous. Il se peut qu’il n’y ait rien, que tu aies déjà tout réglé : pire mensonge ! Il se peut qu’il y ait une magie, une volonté, une persévérance, une douceur ou une poésie dont tu ne te serais jamais cru⋅e capable. Il se peut que ces coups de pelle dévoilent le pire de toi, le pire de tes proches ou l’absurdité de ta vie.

Les possibilités sont infinies. La seule chose certaine, c’est que tu trouveras quelque chose, et que ce quelque chose sera ce à quoi tu t’attendais le moins, ce qui ébranlera le plus tes certitudes. Ecrire, c’est se remettre en question à chaque mot, à chaque ligne, et aller toujours plus loin dans l’insondable étrangeté de l’être.

Ecrire, c’est se révéler à soi-même. On n’est jamais prêt⋅e. On ne peut que savoir que ça arrivera, aviser quand ça arrive et se préparer à la révélation suivante.

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