Alex fit signe aux stagiaires, qui interrompirent aussitôt leur pause café. Les jeunes gens attendaient ce moment depuis leur embarquement, le moment où leur capitaine leur expliquerait des choses importantes sur le métier de corsaire indépendant. Les élèves de l’Ecole de la Marine qui étaient passés par Le Cygne bleu ne tarissaient pas d’éloges sur Alex.

« Vous vous plaisez, à bord ? »

Les trois dernières semaines n’avaient pas été de tout repos mais les stagiaires n’avaient pas à se plaindre, l’équipage était top. Les jeunes étaient prioritairement en charge de toutes les basses tâches sur un navire. Ensuite seulement, lorsque le ménage et la lessive étaient faits, ils pouvaient se poster derrière un vrai marin pour apprendre quelques ficelles.

« Bien, bien. La mer est calme, aujourd’hui, n’est-ce pas ? C’est tout juste si on sent le vent. Si ça continue, il faudra que l’équipage ferle les voiles. Vous participerez. Il est temps qu’on fasse de vous des vrais marins, et rien de tel qu’une tempête pour apprendre.

— Mais capitaine, vous venez de dire…

— Je sais ce que j’ai dit. Maintenant, écoutez-moi bien, parce que je vais vous dire le secret des vrais marins. Quand la mer est calme, on a tendance à relâcher sa concentration, et c’est là que se produisent les vrais accidents. On se sent en sécurité et on se laisse dériver, on se laisse attaquer, on se laisse prendre. Quand il y a une tempête, on voit le danger, mais quand la mer est lisse comme un lac, on ne sait pas d’où il viendra. »