Hortense Merisier

Ecriture quotidienne, textes et courtes nouvelles

#539 Opération I love you


Yacht

« Ça me paraît bien, commenta Alex depuis la jetée en reposant ses jumelles. Je savais pas qu’on en trouvait encore des comme ça. Ça pue le pognon là-dedans.

— T’as perdu la tête ! On va pas piloter un truc comme ça ! On va passer pour quoi ? »

Alex tourna la tête. Son visage exprimait un mélange de mépris et de colère.

« C’est vrai, capitaine, intervint un autre marin, c’est pas trop un navire de pirates. Je dis pas que c’est pas un beau bateau – c’est un beau bateau –, mais c’est pas un bateau pour nous. Vous voyez ce que je veux dire ?

— Tu crois que je saurais pas piloter ce jouet ? ou que je mérite pas d’avoir un beau bateau ? Et je t’ai déjà dit mille fois de pas parler de pirates, on est des corsaires comme tout le monde. Des corsaires indépendants, c’est tout. »

Les deux marins se ratatinèrent. De toute façon, avec Alex, ça servait jamais à rien de discuter : c’est que leur capitaine avait toujours 3 coups d’avance sur leurs cibles et 8 coups sur les autorités. Il valait mieux obéir et pas se faire remarquer que finir en soute en direction du prochain port militaire. Les militaires rigolaient encore moins avec les corsaires indépendants.

« Trouvez la date et l’heure du départ. Exécution, bande de débiles ! On va lancer l’opération I love you. »

L’inquiétude des corsaires indépendants se dissipa. I love you consistait à paralyser un bateau avec un rançongiciel jusqu’à ce que la rançon soit payée. Elle augmentait à chaque fois que le système était réinitialisé. Et dans le meilleur des cas, les propriétaires coulaient le bateau en parfaite illégalité avec les normes environnementales, ce qui garantissait une belle rente pendant 5 ans.

« Non mais vous avez cru quoi ? que j’avais une gueule à jouer les PDG des énergies fossiles ? On va simplement aller chercher le pognon là où il est, et il n’y a pas de meilleur endroit que ce beau bateau. »

Des ricanements enjoués se firent entendre. Quand il était question d’argent, ça mettait tout le monde d’accord. Alex les regarda les uns après les autres dans les yeux et son sourire se figea :

« Qu’est-ce que vous foutez encore là ? Mettez-moi ça sous surveillance ! »

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