Nonette me regarde. Assise sur le lit à côté de moi, elle me regarde, son museau dans la lumière chaude du matin. Elle me regarde, attendant que je lui accorde suffisamment d’attention pour que ça vaille le coup de lancer son miaulement désespéré du matin.

« Miou’maine ! C’est l’heure de te lever ! »

Je me tourne, referme les yeux et la sens faire le tour du lit. Une patte griffue me donne des petits coups sur la joue. Je grogne. Elle se frotte à moi, se rappelant soudain que les pattes griffues de Sa Seigneurerie Suprême et la joue tendre des miou’mains ne font pas bon ménage.

« Miou’maine ! Tu dors ? Miou’maine ! J’ai faim. »

Mes yeux clignent, encore collés par la fatigue. Il est 7h12 en ce samedi matin. Je sais que si je repousse Nonette, elle reviendra à la charge jusqu’à ce que je cède à ses exigences. Je ferais mieux de me lever, de remplir sa gamelle et de retourner finir ma nuit paisiblement ; mais si je me lève, je ne me rendormirai pas. J’aurais bien dormi quelques heures de plus… quelques minutes au moins !

Voilà ce que ça fait quand on adopte un chat : en plus de retrouver des touffes de poils un peu partout et d’abandonner toute idée de porter des pantalons noirs (ou blancs, ça dépend la couleur du chat), il faut abandonner l’idée des grasses matinées et des nuits complètes.

Ça fait 14 ans que Sa Seigneurerie Suprême daigne me prêter un bout de son lit et de son canapé, et 14 ans qu’elle me réveille.