J’ai un vieux pote de lycée qui s’appelle Ago. C’est le genre de pote que personne n’aime, qui m’a pourri la vie quand j’ai passé mon bac, à chaque entretien et à chaque trauma, avec qui je ne pourrais pas travailler ou partir en vacances. C’est aussi le genre de pote à se taper l’incruste en soirée, dans mes sorties ciné, qui me harcèle dans la rue, qui frappe à ma porte, qui m’empêche de respirer.
Longtemps, j’ai pensé pouvoir me débarrasser définitivement de lui, longtemps j’y ai cru, longtemps je l’ai travaillé au corps, longtemps je me suis battue. Et puis un jour j’ai jeté l’éponge. On a un accord tacite, lui et moi : il y a des circonstances qui l’autorisent à se pointer, et d’autres où c’est moi la boss.
Avec le temps, j’ai appris à le connaître. Ça fait bien 20 ans que je le connais et 20 ans que je ne l’aime pas. Il m’a toujours pourri la vie, mais il a une certaine utilité, il faut le reconnaître. Alors j’ai fini par le tolérer. Pas le choix, de toute façon. La police a peut-être un indicateur du nombre de poubelles brûlées pour connaître l’état d’esprit de la population. Moi j’ai Ago pour savoir dans quel état d’esprit je me trouve.
Ago : l’agoraphobie, qui revient pointer le bout de son nez.
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