Ne dites pas : « meurtrier présumé », parce qu’on est présumé innocent. D’aucuns me répondront que c’est une façon de parler, que tout le monde comprend, mais ce n’est pas parce que « tout le monde » (qui ? pas moi, toujours) comprend, que c’est linguistiquement et juridiquement correct.
Dites plutôt : « suspecté de meurtre » ou « accusé de meurtre », selon le stade de l’enquête. D’abord, c’est plus juste, et ensuite, on attaque l’acte et non la personne. A nouveau, vous me répondrez que je chipote, mais c’est important. C’est le meurtre qui est répréhensible, pas la personne qui a commis le crime, personne ne lui reproche de vivre, sinon autant rétablir tout de suite la peine de mort.
Etre suspecté, ce n’est pas être coupable, ni présumé coupable, c’est juste qu’on pense que, peut-être, il est possible que vous avez fait quelque chose de répréhensible.
Etre accusé, ce n’est pas non plus être coupable, c’est être convoqué devant un tribunal pour déterminer si vous avez fait ou pas ce qui est répréhensible, parce qu’il existe un faisceau d’indices concordants laissant penser que vous avez fait ce qu’on vous accuse de faire, même si à ce stade personne ne peut l’affirmer avec certitude.
Etre meurtrier présumé, c’est quand bon, c’est vous qui avez tué la victime, hein, osef un peu de l’avis du tribunal. Mais pour respecter la présomption de l’innocence (et éviter un procès pourtant justifié), on ajoute de manière un peu artificielle le mot « présumé », comme s’il était synonyme de « peut-être » ou « éventuellement », alors que c’est exactement l’inverse.
Bref, rétablissons le sens correct de « présumé » et profitons-en pour arrêter de juger en place publique ceux qui devraient en toute légitimité être traînés devant un tribunal pour juger leurs peut-être actes et non leur personne.
Cet article n’a aucune portée juridique. Des formulations incorrectes y sont glissées, c’est volontaire.
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